Mon client a été arrêté en 1996 et n’aura eu un jugement que douze ans après. C’est complètement scandaleux. […] Le procureur devait commencer son procès en 1997, mais il n’a été en état de formuler des éléments de preuve, que je contestais, que sept ans plus tard. […] On nous a ramené des témoins qui, très souvent, avaient été incarcérés au Rwanda et avaient été libérés dans des conditions éminemment suspectes. Ils venaient tenir des propos qui auparavant n’avaient jamais été entendus par quiconque. […] On a accusé par exemple le colonel Bagosora d’avoir envoyé des télégrammes. Il était très simple de savoir s’il les avait envoyés. Il suffisait d’avoir accès au service de transmission. Nous n’avons jamais pu avoir accès au service de transmission. […] Hors de la chambre d’audience, il y avait une disproportion des moyens entre, d’un côté, un procureur allié à un État et, de l’autre côté, une équipe de défense de sept personnes. […] Nous n’avons jamais pu avoir tous les moyens pour assurer la défense du colonel Bagosora. — Raphaël Constant